Devenir magistrat : témoignage de Jordan Abedi, substitut du procureur

Devenir magistrat : témoignage de Jordan Abedi, substitut du procureur

Jordan Abedi, substitut du procureur à Paris depuis 2018, partage son expérience pour éclairer les jeunes étudiants en droit sur les défis et les récompenses d’une carrière au sein de la magistrature. Son parcours, marqué par une vocation précoce et une formation exigeante, offre un aperçu unique des réalités d’un métier souvent méconnu.

Le parcours de Jordan Abedi : une vocation précocement révélée

Une enfance marquée par le droit

Jordan Abedi, 35 ans, a grandi dans une famille où le droit était omniprésent. Son père, avocat, et sa mère, juriste, ont nourri sa curiosité pour les mécanismes de la justice dès son plus jeune âge. « Je me souviens avoir assisté à des débats télévisés sur des affaires judiciaires. Ces moments m’ont convaincu que le droit n’était pas qu’un ensemble de règles, mais un outil pour protéger les citoyens », explique-t-il.

Les études : un parcours exigeant

Après un baccalauréat scientifique, il a choisi de suivre une licence de droit à l’université Paris-Panthéon-Assas. « C’était une décision logique, mais pas évidente. Beaucoup de mes camarades de classe m’ont encouragé à poursuivre en médecine ou en ingénierie, mais mon intérêt pour le droit était trop fort », révèle-t-il.

L’École nationale de la magistrature : un passage obligatoire

Ses résultats académiques lui ont permis d’intégrer l’École nationale de la magistrature (ENM) à Bordeaux. « L’ENM est une école de vie. On y apprend à gérer le stress, à prendre des décisions rapides et à rester impartial, même face à des situations complexes », décrit-il. Le stage en tribunal, une étape clé de la formation, l’a confronté à la réalité du terrain.

Les défis d’un substitut du procureur

La pression permanente

En tant que substitut du procureur, Jordan Abedi doit gérer des dossiers sensibles, souvent sous l’œil médiatique. « Chaque décision que je prends a des conséquences concrètes sur la vie des gens. Cela pèse, mais c’est aussi ce qui rend ce métier si exigeant », admet-il.

Le travail en équipe

Collaborer avec des policiers, des avocats et des juges d’instruction est une partie intégrante de son quotidien. « La justice ne se fait pas seul. Il faut savoir écouter, négocier et parfois faire des compromis pour atteindre la vérité », souligne-t-il.

L’impact émotionnel

Les affaires de violences conjugales ou de crimes contre des mineurs laissent des traces. « On apprend à se protéger, mais certaines images restent gravées dans la mémoire. C’est un risque professionnel qu’on ne peut jamais totalement éviter », reconnaît-il.

La vie quotidienne d’un magistrat

Une journée type

Jordan Abedi commence sa journée à 7h30. Après une réunion avec son équipe pour prioriser les dossiers, il passe en audience pour des comparutions immédiates ou des procédures pénales. « Les audiences sont des moments de tension, mais aussi d’humanité. Chaque personne qui passe devant moi a une histoire à raconter », explique-t-il.

Les outils du métier

Le numérique a transformé le travail des magistrats. « Les logiciels de gestion de dossiers et les plateformes de partage de documents nous permettent de gagner du temps, mais rien ne remplace l’analyse manuelle d’un dossier », précise-t-il.

Les relations avec la presse

Gérer l’image publique est un défi. « On doit rester neutre, même quand les médias demandent des réactions hâtives. C’est une discipline difficile, mais essentielle pour préserver l’indépendance de la justice », insiste-t-il.

Conseils pour les futurs magistrats

Choisir les bonnes études

Jordan Abedi recommande de suivre une licence de droit, mais aussi de s’ouvrir à d’autres disciplines. « Philosophie, sociologie ou psychologie : ces matières aident à comprendre les enjeux sociaux derrière chaque affaire », conseille-t-il.

Se préparer à l’ENM

Passer le concours de l’ENM exige une préparation rigoureuse. « Travaillez votre mémoire, lisez les arrêts récents et entraînez-vous aux mises en situation. La pratique est la clé », préconise-t-il.

Rester résilient

Le métier de magistrat est épuisant. « Prenez soin de votre santé mentale et physique. Une erreur de jugement peut avoir des conséquences dramatiques », met-il en garde.

Continuer à apprendre

La formation ne s’arrête pas à l’ENM. « Participez à des colloques, lisez des ouvrages spécialisés et échangez avec vos collègues. La justice évolue, et il faut rester à jour », insiste-t-il.

: un métier exigeant mais gratifiant

Jordan Abedi ne regrette pas son choix. « Être magistrat, c’est servir la société, mais aussi se confronter à ses propres limites. C’est un métier qui vous transforme, mais qui vous donne aussi une raison de vous lever le matin », conclut-il.

Pour les jeunes aspirants, son message est clair : « Si vous aimez le droit, mais aussi les défis et les rencontres humaines, alors ce métier est pour vous. Mais soyez prêt à vous investir à fond ».

Jordan Abedi incarne une génération de magistrats engagés, à la fois techniciens du droit et gardiens de l’équilibre social. Son témoignage rappelle que devenir magistrat, c’est embrasser une mission, pas un simple métier.

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