COVID-19 : internat dédié aux enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance

COVID-19 : internat dédié aux enfants de l'Aide Sociale à l'Enfance

La crise du COVID-19 a exacerbé les vulnérabilités des enfants placés sous la protection de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). En Val-de-Marne, le nombre d’enfants concernés par des « Informations Préoccupantes » est passé de 4 427 en 2020 à 5 221 en 2021, révélant une aggravation des violences intrafamiliales pendant les confinements. Parallèlement, 5 623 enfants bénéficiaient de mesures de placement ou d’aides éducatives en 2021, soulignant la pression sur les services sociaux.

Face à ces défis, des solutions innovantes émergent pour répondre aux besoins spécifiques de ces enfants. L’internat dédié aux enfants de l’ASE s’inscrit dans cette dynamique, combinant prise en charge médico-sociale et accompagnement éducatif.

L’impact de la crise sanitaire sur les enfants vulnérables

La pandémie a amplifié les risques de maltraitance et d’isolement pour les enfants sous protection. Les confinements ont entraîné une hausse des violences conjugales et intrafamiliales, principalement subies par les femmes et les enfants. Les services de l’ASE ont dû faire face à une demande accrue d’accompagnement, notamment après le déconfinement.

Ces enfants présentent souvent des traumatismes complexes liés à des environnements familiaux dysfonctionnels. L’internat vise à leur offrir un cadre stable, associant soins psychologiques, soutien scolaire et suivi médical.

Création d’un internat spécialisé : une réponse aux besoins spécifiques

L’internat dédié aux enfants de l’ASE s’appuie sur une approche pluridisciplinaire, intégrant médecins, psychologues, éducateurs et enseignants. Cette structure répond à un double objectif : prévenir les ruptures de parcours et favoriser la réinsertion sociale.

Objectifs et fonctionnement de l’internat

Le dispositif propose un accompagnement global :

  • Prise en charge médicale : accès à des soins réguliers, notamment pour les enfants présentant des troubles du comportement ou des pathologies chroniques.
  • Soutien psychologique : ateliers de thérapie individuelle et de groupe pour traiter les traumatismes.
  • Scolarisation adaptée : partenariats avec des établissements scolaires pour maintenir les enfants dans un cadre éducatif structurant.

Contrairement aux structures traditionnelles, l’internat intègre une dimension préventive en formant les professionnels à la détection précoce des signes de maltraitance.

Partenariats clés pour un accompagnement global

La réussite de ce modèle repose sur des collaborations étroites :

  • Services de protection maternelle et infantile (PMI) : pour un suivi médical continu.
  • Établissements scolaires : mise en place de dispositifs de pratique avancée par des professionnels de santé formés, sous supervision médicale.
  • Associations spécialisées : soutien logistique et éducatif.

Ces partenariats visent à éviter les scissions entre spécialités, en garantissant une cohérence des interventions.

Défis et limites d’une structure innovante

Malgré ses avantages, l’internat fait face à des obstacles structurels.

Financement et ressources humaines : des enjeux critiques

Le programme FSE+ (Fonds Social Européen) alloue 6,9 millions d’euros pour 2022-2025 à des projets d’insertion socio-professionnelle, mais les crédits dédiés à l’enfance restent insuffisants. Par ailleurs, la formation des professionnels constitue un défi :

  • Puériculteurs : nécessité d’une « réingénierie » de leur formation pour intégrer les compétences en pratique avancée.
  • Diplômés récents : priorité accordée aux titulaires de master pour exercer en pratique avancée, créant un risque de déséquilibre générationnel.

Intégration dans le système de protection de l’enfance

L’internat doit naviguer entre innovation et respect des cadres légaux. La pratique avancée à l’école, par exemple, doit s’inscrire dans le cadre existant de la médecine scolaire, même si celle-ci est sous-dotée.

Perspectives et réformes à venir

Les réflexions en cours visent à consolider ce modèle tout en l’adaptant aux réalités du terrain.

Réforme des formations et reconnaissance des compétences

Plusieurs pistes sont explorées :

  • Validation des acquis de l’expérience (VAE) : permettre aux professionnels expérimentés d’accéder à des formations complémentaires sans redémarrer une formation initiale.
  • Universitarisation des métiers : aligner les formations des puériculteurs sur les standards académiques pour renforcer leur légitimité.

Renforcement des dispositifs de prévention et de suivi

L’internat pourrait servir de laboratoire pour des méthodes de prévention :

  • Dépistage précoce : intégration de protocoles de repérage des signes de maltraitance dans les écoles.
  • Suivi post-placement : mise en place de cellules de suivi pour éviter les rechutes après la sortie de l’internat.

Un modèle à reproduire ou à améliorer ?

L’internat dédié aux enfants de l’ASE représente une avancée majeure, mais son déploiement national dépendra de sa capacité à surmonter les obstacles financiers et organisationnels.

Points forts :

  • Continuité des soins : articulation entre médecine scolaire, PMI et ASE.
  • Prévention : approche proactive pour éviter les placements en urgence.

Risques :

  • Fragmentation : création de disparités entre territoires dotés de structures spécialisées et ceux qui en sont dépourvus.
  • Sous-effectif : difficulté à recruter des professionnels qualifiés dans un contexte de pénurie.

L’avenir de ce dispositif passera par une évaluation rigoureuse de son impact et une mobilisation accrue des fonds européens pour étendre son champ d’action.

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